2 Février 2017
16/10/2012
Ci-gît l’vigneau… !
Par un jour gris de mai, sa maison sur le dos,
Un vigneau fit projet d’un voyage écolo ;
La patience usée par de longs mois d’hiver,
Il rêva d’un départ vers un soleil d’enfer.
Mais il n’est pas facile en naissant bigorneau,
De foncer vers une île au rythme d’un pied bot ;
Il eut alors l’idée de guetter le passage
D’embarcations zélées croisant dans les parages...
S’il cherchait un moyen pour bercer sa paresse,
Il n’était point enclin à l’excès de vitesse,
Aussi fut-il méfiant envers un multicoque
Qui avait pour penchant d’ouvrir trop grand son foc ;
Ses aïeux bigorneaux lui avaient enseigné
Que les hommes, sur l’eau, étaient des cons pressés,
Donc il n’usa pas plus à la vue de l’écume,
D’une planche pointue qui filait vers les brumes.
Il refusa aussi de venir s’aimanter
A un bâtiment gris joliment pavoisé ;
Il nourrissait la peur qu’un pacha sans aplomb
Fasse tonner, en chœur, sa noria de canons.
Il n’eut pas la candeur de se coller au fer
D’un vieux supertanker à la coque élimée ;
Il n’avait pas envie, en débarquant sur l’île,
D’être le vrai sosie de la sardine à l’huile…
Lors, l’indécis vigneau laissa passer les leurres
Puis s’accrocha, franco, au bois d’un caboteur ;
Hélas, cent fois hélas ce bateau sans corps-mort
Sitôt levée des nasses intrigua vers le port.
Le pauvre bigorneau ne vit jamais son île,
Il fut mis en cageot et partit pour la ville ;
Loin de son océan, goémon pour ciel de lit,
Il attend le client à la poissonnerie…
KERFON LE CELTE
Homme chiche, toujours tu chériras l'amer...